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Fate
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20 juin 2008

L'amour des mots

Écrire est une plaie pour des gens. Ils se sentent accabler seulement en se projetant l'acte dans leur tête. D'autres s'en moquent éperdument, il s'agit d'une banalité au même titre que de visionner la télévision. Une dernière catégorie pour finir existe : les joueurs. Ils voient en l'écriture un amusement permanent. Comme le joyeux bambin qui frappe le ballon de toutes ses forces, esquissant un immense sourire, Concentré sur cette action, il la répète infatigablement. Conservant toujours ce plaisir incompréhensible et incommensurable vu par des yeux extérieurs. L'amateur et le professionnel partagent cette même fougue, mais pour les mots. Des mots qui retentissent de façon différente chez chacun. Le contexte, l'origine et le vécu d'autrui influent sur la force de  résonance de ces lettres agencées très minutieusement. Pour former des syllabes d'où naîtront des mots inchangeables. Des pièces de puzzle, à assembler de diverses manières pour créer et se suffire d'une formule satisfaisante, cherchées pendant une minute, une heure, un jour, au-delà d'une semaine même, Rousseau en témoigne. Cette perfection. Cette précision est un gage de qualité que peu voient. Un travail d'orfèvre invisible, long, agréable qui réussit à se satisfaire de son action même. Ainsi, le lecteur, qui lira ce papier, y prendra du plaisir. Assez paradoxal, quand ce plaisir revêt aussi la mélancolie, la colère ou la peur. Des sentiments indicibles qui se faufilent subrepticement dans la chambre des émotions de notre gigantesque palace tentaculaire. Ces mots créateurs de sensation ne suffisent plus à autrui pour exprimer ce que contient leur coeur abasourdi.

 

Il y a deux ans... un événement mémorable me permit de comprendre en quoi l'écriture est une force redoutable. C'était en Math. Anaïs et Roxanne, deux filles qui, étonnées par la qualité d'un de mes textes, s'évertuaient à croire au plagiat. Amusé, je leur répondis << vous lirez dans deux semaine un papier sur vous >>. Elles acceptèrent.. La semaine s'écoulaient. Tout en haut de la feuille aborderait un titre évocateur << Deux filles que j'apprécie (pas) ? >>.Je vérifiais à nouveau si la fluidité de ma prose me convenait. Gêné par le contenu du texte, je le glissai furtivement pendant la pause sur leur table.  La sonnerie retentit, elle regagnèrent alors leur place.  Stupéfaites de constater que j'avais tenu parole, puis contentes de pouvoir me juger, elles me regardèrent avec ce pli au coin de lèvres rempli de sens, et  lurent. Les minutes défilèrent, lentement. Comme si tout autour de moi ralentissait, ne vivait plus. Seul sur sa chaise, cerner de noir, le doute prit possession de moi. Je n'osais donc guère jeter un coup d'oeil à leur réaction par peur. Que pensaient-elles ? lancinait mon cerveau. Trop curieux d'avoir enfin une réponse à cette question, je décidai à tourner ma tête. Mon monde se fissura. Une goutte coulait sur le visage d'Anais, son visage ressemblait à une tomate. Impensable !  Était-ce un rêve ? Mon imagination me jouait-elle des tours ? C'est dès lors que la prise de conscience des effets que de simples mots dégagent comme un << Je t'aime >> avoué après des mois de relation apparu limpide. Les mots intelligemment distillés sont des bombes nucléaires lâchés dans la nature au souffle dévastateur, en plus d'être la récompense ultime d'un effort constant. Et ça, peu l'auront compris.

Fate

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Commentaires
F
Ha, ha, ha. Pas grand-chose.<br /> <br /> En fait, ça nous a rapproché de manière assez particulière et étrange.
C
rhoooo... l'histoire ne dit pas ce que tu as pu faire ensuite avec Anaïs !!! :-p
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